Choisir un micro pour amplifier sa guitare acoustique

L’amplification d’une guitare acoustique est un art délicat : il s’agit de capturer fidèlement la richesse et la dynamique naturelle de l’instrument tout en évitant les nombreux problèmes liés à la sonorisation. Contrairement à une guitare électrique, qui repose sur des micros magnétiques conçus pour capter directement les vibrations des cordes, une guitare acoustique produit son timbre à travers la résonance de sa caisse. Cette spécificité rend son amplification plus complexe, car elle doit restituer à la fois la profondeur du son, l’équilibre entre les basses et les aigus, ainsi que les nuances du jeu, notamment en fingerpicking où chaque note doit être distincte et expressive.

Plusieurs obstacles peuvent survenir lorsqu’on cherche à amplifier une guitare acoustique :

  • Le larsen : dû à la résonance de la caisse, il peut devenir un véritable cauchemar en concert, en particulier avec des micros à condensateur placés à l’intérieur ou à proximité de l’instrument.
  • Un son trop artificiel : certains micros, particulièrement les piézos, peuvent produire un son trop sec ou métallique, qui manque de chaleur et d’authenticité.
  • Les bruits parasites : une guitare acoustique capte naturellement les bruits de frottement des doigts sur les cordes, les coups sur la caisse, ou encore les résonances indésirables, ce qui peut compliquer le mixage en live. Personnellement, ça ne me dérange pas toujours, c’est une partie du son vivant de l’instrument.
  • Un manque d’équilibre : certains systèmes amplifient davantage certaines fréquences, rendant le son trop brillant ou, au contraire, trop étouffé selon l’installation.

Face à ces défis, différents types de micros ont été développés pour répondre aux besoins des guitaristes en fonction de leur usage (scène, studio, home recording). Chacun a ses propres avantages et inconvénients, et le choix du bon système dépend du style de jeu, de l’environnement et des préférences sonores du musicien.

1. Micro piézoélectrique (ou piézo)

Je suis tenté de dire que c’est le système qui a permis le boom des guitares acoustiques sur scène. Ils ont été haïs à peu près autant qu’ils ont rendu service. Leur fonctionnement se base sur le fait que certains cristaux, lorsqu’ils sont déformés, produisent un courant électrique. C’est ce courant qui est amplifié. Les micros piézo ont évolué avec le temps et le progrès technologique. Ils sonnent moins « canard coin coin » qu’avant, mais ils restent un gros compromis sur le son. Certains préamplis utilisent des algorithmes pour modéliser un son de guitare réaliste au départ du son piézo. Une idée qui fait se dresser les cheveux sur la tête de certains qui considèrent le son obtenu doublement artificiel et trop éloigné du son d’origine.

micro piézo sous le chevalet

micro piézo sous le chevalet

micro sous forme de pastilles sous la table

micro sous forme de pastilles sous la table

Principe : Placé sous le sillet du chevalet, il capte les vibrations des cordes transmises à la table d’harmonie. Certains systèmes comportent une ou plusieurs pastilles à coller sous la table ou le chevalet pour un son plus naturel. Constat amusant, du nom à la fiche technique, certains fabricants redoublent d’imagination pour faire oublier le côté « piézo » de leur micro. Le nom est trop infamant.

Avantages :

  • Résistant au larsen
  • Son clair et précis, souvent percussif
  • Discret et généralement préinstallé sur les guitares électro-acoustiques
  • Facile à amplifier sans trop de réglages

Inconvénients :

  • Son parfois artificiel (« quack » métallique)
  • Nécessite un préampli pour un rendu optimal
  • Moins de chaleur et de profondeur qu’un micro aérien

2. Micro magnétique

micro magnétique - source : www.IZfrets.com

micro magnétique – source : www.IZfrets.com

Principe : Se place dans la rosace et capte les vibrations des cordes (comme un micro de guitare électrique). Je trouve le son souvent très « électrique », mais de nombreux guitaristes aiment ce son très chaud et très « solide » en live. Certains sont combinés avec un petit micro pour donner plus de naturel au son.

Avantages :

  • Son chaleureux et équilibré
  • Facile à installer et à retirer
  • Insensible aux bruits de manipulation et aux interférences extérieures

Inconvénients :

  • Son un peu moins naturel qu’un micro à condensateur
  • Déséquilibre de volume entre les cordes qui ne peut que partiellement être corrigé en jouant sur la position des capteurs
  • Apparence visible dans la rosace
  • Certains guitaristes pensent que ça influence aussi le son en rigidifiant la table

3. Micro à condensateur

J’adore mon Neumann MCM 14, le son est incroyable. Mais il faut des conditions très contrôlées pour éviter le larssen et profiter pleinement du son. Son encombrement peut être un peu gênant. Un micro sur un pied aurait évidemment l’inconvénient de me figer sur scène, voire de m’obliger à jouer assis.

Micro Neumann MCM 114

Micro Neumann MCM 114

Principe : Un petit micro placé à l’intérieur ou à l’extérieur de la caisse (souvent fixé sur une éclisse et pointé vers la table ou dirigé vers la rosace par l’intérieur).
Avantages :

  • Sonorité naturelle et détaillée
  • Capture les nuances et la résonance de la guitare
  • Idéal pour le studio et les performances en acoustique

Inconvénients :

  • Sensible au larsen en live (très !)
  • Capte aussi les bruits de manipulation
  • Encombrant s’il est monté à l’extérieur
  • Nécessite une alimentation (pile ou alimentation fantôme)

4. Système hybride (micro + piézo ou autre combinaison)

C’est un système comme le Fishman Ellipse Blend qui est installé sur mes guitares. J’aime bien ce système, essentiellement parce que c’est le son avec lequel « j’ai grandi ». Il reste une valeur sûre, même si je pense qu’on a fait mieux depuis concernant le son. Certains se plaignent qu’il lui arrive de vibrer ou produire des sons mécaniques parasites en raison de ses diverses fixations dans la guitare.

micro hybride - source : Fishman

micro hybride – source : Fishman

D’autres systèmes ont un préampli (avec ou sans micro à condensateur) plus ou moins complexe installe sur l’éclisse avec des boutons de contrôle et un accordeur accessibles au regard. Cela nécessite une grosse défonce dans le côté de la guitare. Il me semble qu’on en voit moins de nos jours (ou c’est juste une impression ?). Il est toujours possible d’utiliser un préampli au sol pour régler son EQ et s’accorder.

Préampli d'éclisse - source : Takamine

Préampli d’éclisse – source : Takamine

Principe : Combine plusieurs micros (souvent piézo + micro à condensateur ou piézo + magnétique) pour équilibrer le rendu sonore. 

Avantages :

  • Polyvalence et équilibre entre naturel et clarté
  • Possibilité de mixer les signaux pour un son plus riche
  • Adapté aux performances live et au studio

Inconvénients :

  • Installation plus complexe
  • Prix souvent plus élevé
  • Peut nécessiter une égalisation avancée pour éviter le larsen

Lequel choisir ?

  • Pour la scène : piezo ou magnétique (simple, efficace) ou système hybride (efficace et son plus réaliste)
  • Pour la scène en conditions idéales et maitrisées : système hybride ou micro à condensateur
  • Pour l’enregistrement et le studio : Micro à condensateur (son naturel) à combiner avec des micros externes. Certains jouent sur la combinaison piézo pour les basses et la charpente et micro pour le reste du son
  • Pour une solution polyvalente : Système hybride

Si vous cherchez un son naturel et détaillé pour du fingerpicking, un bon micro à condensateur ou un système hybride sera généralement plus fidèle aux nuances de votre jeu. Pour un concert occasionnel, un piézo seul fera l’affaire avec un bon préampli, éventuellement avec modélisation du son, si vous aimez l’idée et le rendu (tout le monde n’est pas fan).

Dans tous les cas, l’important est aussi de savoir bien régler son ampli/préampli avec la bonne routine > Comment régler son préampli-égaliseur ?

Pour vous enregistrer, investissez dans un bon micro à condensateur à placer devant la guitare. Bien choisi, il pourra vous servira aussi pour d’autres projets.

Winteratelier : les 4 saisons du Ukulele

Ce samedi, je suis retourné à Neundorf (Saint-Vith) pour un Winteratelier, un atelier d’hiver ukulélé. IL y a une demande pour des cours « toute l’année ». Mais je suis dans l’incapacité de me déplacer toutes les semaines jusque-là. Avec le Kreatives Atelier de Neundorf, nous avons décidé de programmer une demi-journée de cours à chaque saison, automne, hiver, bientôt printemps et puis le stage de quatre jours en été.

Winteratelier ukulélé Neundorf

Winteratelier ukulélé Neundorf

Mon programme en trois points pour ce Winteratelier

Rythme : Avec l’incontournable « Somewhere over the rainbow », je voulais travailler la rythmique la plus pratiquée en quatre temps sur l’ukulélé. Celle qui permet de jouer environ 85% du répertoire.

Arpège : avec « Halleluyah », l’objectif était de travailler les arpèges mais aussi de discuter de la façon de construire un accompagnement sur toute la durée du morceau en amenant de la variété pour ne pas jouer la même chose tout au long du morceau.

Accords barrés : « Sweet child of mine » pour travailler l’accord de Bb et ainsi mettre le pied à l’étrier pour affronter les premiers accords barrés.

Les élèves ont bien bossé. Presque trop bien, j’aurais peut-être dû doubler les morceaux pour chaque thème ou ajouter encore un thème. Je pense que j’aurai un groupe « avancés » pour l’été.

Acoustic Player : workshop avec Jacques Stotzem

Dans le numéro de janvier 2025 du magazine Acoustic Player, le guitariste belge Jacques Stotzem est mis à l’honneur. Jacques propose un atelier spécial intitulé « Fingerstyle with Heart & Soul », où il partage ses techniques et son approche musicale avec des généreux extraits de deux morceaux : Histoires sans mots et (le magnifique) Dialogue.

Difficile de trouver ce genre de ressources en français. La guitare acoustique jouit toujours d’une grande popularité en Allemagne. Le mieux est d’avoir quelques solides bases en allemand pour suivre les explications. Ce qui n’est pas donné à tous. C’est peut-être l’occasion de faire d’une pierre deux coups et d’apprendre une langue tout en pratiquant son instrument. 

A l'attaque !

A l’attaque !

Flemme des années 80

Je suis abonné depuis de longues années au magazine allemand Akustik Gitarre. Cependant, j’ai toujours porté moins d’intérêt aux tablatures et aux tutos qu’aux tests de matos et aux critiques des albums. Je pourrais prétendre que je me focalisais sur mes compos, c’est faux. Souvent, il s’agit de styles ou de techniques qui me parlent moins (DADGAD, open tunings, flatpicking, strumming, classique, etc.). Si je ne m’y plongeais pas trop, c’est également par manque de temps et par… flemme. J’admire les personnes qui pratiquent assidument tous les morceaux d’un magazine.

Cet aspect est encore plus développé dans le Acoustic Player qui est entièrement dédié aux tutos. Alors, ça ne me tentait pas jusque-là. Mais, en bon fan inconditionnel de Jacques, je n’ai pas longtemps hésité quand j’ai vu qu’il était invité pour commenter ses compositions.

Le magazine Acoustic player

Jacques figure en bonne compagnie dans ce numéro avec Sting, David Gilmour, Cat Stevens, Keith Jarret et SRV. Le magazine richement illustré est vraiment qualitatif, tant dans la forme que dans le fond. On est loin des transcriptions parfois approximatives de certains livrets, même officiels.

Acoustic Player (image Acoustic Music Records)

Acoustic Player (image Acoustic Music Records)

Le magazine s’accompagne d’un DVD que mon PC a considéré illisible. Heureusement, à une époque où la plupart des ordinateurs n’ont plus de lecteurs CD-DVD, on peut retrouver les vidéos explicatives sur Internet moyennant un code d’accès fourni aux abonnés et acheteurs du magazine.

Exemple de vidéo :

Au boulot !

Le format est pratique, les supports sont d’excellente qualité. À tel point que je me demande si je ne vais pas me pencher sur d’autres morceaux.

Je me sens un peu à l’étroit devant l’écran. Mon pupitre pliant vient à point. Ce n’est sans doute pas ma position de travail préférée, mais une fois le morceau dégrossi, la tablature suffira. J’avais commencé à jeter un œil sur la tablature avant de regarder la vidéo. Je suis content de constater qu’après quelques années de fingerpicking, j’arrive à deviner les doigtés à utiliser. La logique parcimonieuse du fingerpicking et son incroyable efficacité restent des mécaniques qui me fascinent encore toujours. 

Si j’ai un reproche très personnel à faire au magazine, ce sont les tablatures castrées de leur signature rythmique. Quand comme moi, on est un indécrottable lecteur de tablatures, on pourrait passer à côté de certains détails comme une note (x) qu’il faut percuter, pas jouer. Heureusement, le support vidéo permet d’y voir clair.

J’imagine qu’à l’inverse les lecteurs de partition trouvent que les lignes de tablatures sont une source de distraction. Quant à publier les deux notations intégralement, je peux comprendre que ce serait illisible. 

En tout cas, le format est recommandable ! Il m’est très agréable de se remettre dans l’esprit d’un cours de guitare.

Je ne pense pas m’abonner, mais je pense qu’une commande au numéro si je repère un artiste qui m’intéresse reste un bon plan. Si vous êtes un picker pas picky, et que vous aimez toucher à tout, ou si vous êtes un prof de guitare à la recherche d’inspiration, ça vaut certainement le coup. Allez, j’y retourne…

Starac 2024 : les pleurs et les cris

Certains le savent, je regarde la Starac, refusant le mépris des produits de masse qui devrait seoir au musicien qui a du goût. Malgré tous les défauts techniques ou de principe de ce genre de concept, j’aime le monde de la scène. Et j’aime bien regarder dans les coulisses par le trou de la serrure. Sur la lancée de l’année passée, j’ai suivi la Starac 2024. Histoire d’en finir, et de tourner la page, voici mon ressentumé – mon ressenti-résumé.

Seul sur scène

Quand on pense que les grandes stars ont des pistes vocales sous-mixées quand elles doivent danser. Quand on sait que chaque spectacle est préparé pendant des mois avant de tourner. Ici, deux ou trois journées de préparation, parfois quelques heures remplies de diverses activités. Chapeau ! On a beaucoup souligné les faussetés des uns ou des autres, y compris chez les finalistes. Mais, on oublie un peu vite que de nos jours, tout est lissé, autotune, surproduit. Et qu’en vrai live, parfois la voix glisse vers la justesse, tremble un peu dans une harmonie. Même en live, on se sert de la correction de justesse. Quand on réécoute des disques plus anciens, on peut être frappé par les imperfections qui sautent à nos oreilles modernes habituées au propre.

L’année passée fut une saison exceptionnelle, baignée de bienveillance et d’amitié. Cette année, m’a un peu moins passionnée, deux univers musicaux se sont affrontés en finale : les pleurs et les cris. Mais, parlons un peu des candidat.e.s qui se sont succédé.e.s.

Certains feront carrière, parce que faire carrière dans la musique, ce n’est pas forcément tourner dans les Zéniths ou faire la Fête de la musique sur TF1 entre Souchon et Bruel. D’autres vivront de leur musique dans leur région, sortiront quelques morceaux sur les plateformes. Pas tous ne survivront à l’étiquette Starac qui finira par pâlir. 

Les candidats de la Starac 2024

Ce n’est que mon ressenti, n’en prenez pas ombrage. Ma légitimité est asymptotiquement nulle. Un mot sur chaque candidat.e, dans l’ordre des éliminations :

  1. Maylis Rouard (20 octobre 2024) : Première à quitter l’aventure, j’aimais bien le grain soul de sa voix et son placement rythmique, mais la malheureuse candidate belge n’aura pas le temps de faire ses preuves.
  2. Paul (26 octobre 2024) : Éliminé lors du second prime, je trouvais son talent s’exprimant surtout dans l’outrance. Dans les années 70, il aurait fait un tabac en mêlant sa provocation à une sorte de cabaret déglingos, mais cette sauce a perdu de son piquant et ne prend plus en 2025.
  3. Thomas Doppler Bianco (3 novembre 2024) : sa personnalité vocale ne m’aura pas marqué et il était noyé dans le groupe.
  4. Noah Boisnoir (9 novembre 2024) : une belle voix, des faussetés qu’il aurait pu sans doute corriger avec le temps, comme Charles. Mais, avec Noah se posait la question du répertoire. Il aura finalement peu chanté sur les primes. Existe-t-il un répertoire pour les voix douces et graves comme la sienne ? En dehors du crooner latino, qui est un style un peu daté.
  5. Emma Broyon (16 novembre 2024) : mignonne et pétillante, attachante, bonne danseuse, elle était le binôme parfait pour aller représenter la Starac au NRJ Music Awards avec Masseo. Mais elle manquait de l’envergure vocale « de concours ». L’ultime chanson pour défendre sa place reste un très très bon souvenir. Elle a montré une incroyable justesse d’interprétation ce jour-là. Elle sera finalement repêchée pour rejoindre la tournée.
  6. Masseo Gayez-Banzept (24 novembre 2024) : Je le trouvais bon danseur, pas mauvais chanteur, mais un peu inconsistant. Un peu effacé parfois et surtout présent via ses binômes.
  7. Julie Demierre (1er décembre 2024) : J’aimais beaucoup sa voix, mais elle n’a pas su s’imposer. Pour ma part, vocalement au moins, elle méritait de faire la tournée. Je me demande encore toujours si le public lui a fait payer de friendzoner Masseo en public

Les candidats pour la tournée Starac 2024

  1. Maureen Valet (8 décembre 2024) : excellente chanteuse. Je n’ai rien trouvé à redire sur elle.
  2. Maïa Wojcik (14 décembre 2024) : pour cette candidate et la suivante, je comprends que l’amitié et le côté bonne copine au château a pu jouer, mais l’ordre des éliminations ne m’a pas toujours paru logique au regard des prestations artistiques.
  3. Marguerite Dedeyan (28 décembre 2024) : très bonne interprète, mais avec un répertoire sans doute limité aux voix parlées, soufflées. Quelques bons moments qui auront justifié sa longue présence au château, incompréhensible pour certains.
  4. Ulysse Saragas (4 janvier 2025) : le BG à guitare, catégorie reine où j’ai essayé de « compétiter » dans ma jeunesse. Parfois à la peine vocalement, très moyen en danse. Le bon gars, qui joue de la guitare à la buvette du camping.
  5. Franck Lenar (23 ans, Bagneux) : classe et premier de la classe. Souvent bon en évaluation et bosseur, je l’ai toujours trouvé moins bon « que lui même » en prime. Mais un très beau parcours.
  6. Charles Doré (11 janvier 2025) : la surprise, il est très jeune, il a tout à coup découvert sa voix et sa voie. Et depuis il n’a cessé de nous épater. Je le voyais en finale. 
  7. plus Emma, repêchée lors d’un prime spécial

La finale en noir et blanc

Les finalistes de la Starac 2024 étaient Marine Delplace et Ebony Cham, avec Marine remportant la compétition le 25 janvier 2025. 

La finale de la Starac 2024 était 100% féminine et s’est déclinée en noir et blanc, jusque dans les tenues des candidates. Ce n’était pas un hasard. Le concours s’est politisé, avec la question des votes des territoires français d’outre-mer. Le racisme (pour les uns) et le wokisme (pour les autres), voire la misogynoir sont venus perturber les débats. Il est impossible de nier que cela puisse jouer un rôle, mais la différence de vote est trop criante (Marine 65%/Ebony 35%). Certains ont même accusé les familles de verser des pots-de-vin ou d’avoir des relations haut placées. Pour ma part, le face-à-face était à un autre niveau.

Ebony, la showgirl, les cris

Une excellente chanteuse, à la voix puissante et assez bonne danseuse. Perfectionniste et ambitieuse, elle a souvent affiché un certain agacement perçu comme de l’arrogance. Pourtant, les dernières semaines au château, je commençais à apercevoir la fragilité derrière le masque de fer. Elle a été trop mise en avant par la production et trop protégée par les profs, selon certains. Son père, toujours mis à l’image, achevait le tableau de la chouchoute surprotégée. Le public en aurait cultivé un certain ressentiment, empêchant de s’attacher à elle. J’ai essayé de regarder au-delà de ça, sans toujours y parvenir.

Malgré d’incroyables qualités, pour ma part, elle poussait beaucoup sa voix, écrasant parfois son timbre. Certaines voyelles en devenaient laides. Elle n’articulait pas toujours bien, ni en français, ni en anglais. L’affrication (du latin affricare, qui n’a rien à voir avec l’Afrique, contrairement à ce que « pensait » Zemmour) a fait des ravages. 

De manière générale, pour tous les candidats, le public avait tendance à s’émouvoir de hautes notes puissantes, même quand elles étaient parfois un peu fausses. C’est ainsi qu’on chante à Vegas ou à The Voice, on y fait de l’haltérophilie vocale. C’est un style. Mais même la magnifique interprète qu’est Céline Dion me fatigue, tant je ne ressens rien en l’écoutant, une fois l’admiration technique retombée.

Elle transformait la plupart des duos en affrontement, soulevant les notes avec des han de bucheron et affichant parfois une colère de marchande de poisson. Quand elle chante : « Ne me jugez pas », j’entends : « Allez vous faire foutre ». Elle arrive à hurler sur « Petite Marie » de Francis Cabrel, pour ma plus grande consternation. 

Mais les tableaux dansés étaient impressionnants, elle inondait la scène. Malheureusement, l’affectif joue beaucoup dans les votes pour les candidats. Il est compréhensible que tant de spectateurs, y compris les profs et le directeur, voyaient s’ouvrir une belle carrière devant elle. Je la voyais gagnante, souhaitant à Marine une belle carrière libérée du poids de la Starac. Je me suis même demandé si ce ne serait pas le meilleur scénario.

Marine, la fille d’à-coté, les pleurs

Bien sûr, elle aura crié comme on le lui demandait quand il fallait, même malade, en plantant un « All by myself » de concours. Mais Michaël Goldmann lui-même a dit que c’était un répertoire un peu étriqué qui peut presque devenir un handicap.

Avec une personnalité drôle et attachante, c’est ailleurs qu’elle aura le plus brillé pour moi, Marine aura su combiner une technique vocale impeccable, une voix puissante et juste, avec une énorme fragilité pour transmettre de l’émotion au bon moment. Elle avait parfois une note superbe qui touchait à l’absolu (pas forcément criée, pas forcément haute). Elle m’a littéralement « foutu les poils » quelques fois. Et ça, ça ne trompe pas, comme disait Marlène, la prof d’expression scénique. 

Marine n’aura pas eu le monopole des larmes de la Starac 2024, loin de là. Mais son manque d’assurance, ses doutes l’ont rendu touchante, en tout cas pour moi. Pour elle, ce n’était pas du tout cuit, ce n’était pas gagné d’avance. Si pour Ebony, la Starac semblait une étape sur le chemin, pour Marine, c’était un rêve accessible auquel elle peinait à croire. Il aura fallu qu’elle arrive en demi-finale pour commencer à y croire. Même proclamée gagnante, elle semblait bouleversée.

C’est peut-être parce qu’elle doutait et tremblait qu’elle aura emporté l’adhésion du public qui aura voulu lui offrir son rêve.

Et maintenant.

Ebony a sorti un single « Unforgettable » que personnellement, je trouve ironiquement un peu oubliable (oups). Marine a un single « Ma faute » qui cartonnait déjà pendant sa présence au château, et qui s’envole dans les playlists. Avec une mélodie accrocheuse. Toutes deux peuvent faire carrière sans aucun doute. Quel succès, quelle durée, impossible à dire…

Tout va dépendre de ce qu’on leur écrira ou de ce qu’ils écriront. Comme toujours avec un tremplin, fut-il musical, le plus dur n’est même pas le saut dans le vide, mais l’atterrissage.